Grand nombre de futures mamans ont peur de la douleur de l’accouchement, et surtout de la péridurale. Est-ce que ça fait mal ? Vais-je y avoir droit ? Et si ça ne marche pas ? Et si c’est trop tard ? Nous nous sommes renseignés auprès de  différents professionnels de santé, anesthésistes et sages-femmes. Nous levons le voile sur certaines interrogations et certaines fausses rumeurs.

1. Le rôle de l'anesthésiste en maternité.

L'anesthésiste réanimateur est un médecin qui a une double compétence en anesthésie et en réanimation. En maternité, il  soulage la douleur des patientes lors de l’accouchement, grâce à la péridurale, il anesthésie les patientes lors d’une césarienne et il intervient en cas de réanimation importante auprès de la future mère ou de la nouvelle accouchée. Il travaille en étroite collaboration avec l'équipe de gynéco-obstétriciens et de sages-femmes.

Afin de pouvoir vous connaître et répondre au mieux à vos questions ou doutes, une visite avec l'anesthésiste se fera environ un mois avant l’accouchement. Au cours de celle-ci, l'anesthésiste fera un interrogatoire sur votre état de santé. Maladies antérieures à la grossesse, interventions chirurgicales, allergies, traitement… Il examinera votre dos et contrôlera votre tension. Il répondra aussi à vos questions concernant l'anesthésie afin que la naissance de votre enfant se passe dans les meilleures conditions.

 

2. Quel type d'anesthésie pour l'accouchement ?

En obstétrique, il existe deux principaux types d'anesthésie. La péridurale et la rachianesthésie. Elles vont permettre de réduire la douleur des contractions utérines en bloquant les transmissions nerveuses de la douleur qui se situent dans la région lombo-sacrée.

Pour un accouchement par voie basse, on choisira l'anesthésie péridurale, car elle permet d’injecter du produit anesthésiant grâce à un tuyau ou cathéter qui va être installé dans l’espace péridural. On parlera plutôt “d'analgésie péridurale”, car elle réduit la douleur tout en gardant la motricité et une partie de la sensibilité. C’est-à-dire que vous ne sentirez plus la douleur des contractions utérines et vous pourrez bouger vos jambes et  les sentir au toucher. Vous sentirez aussi la descente de la tête du bébé et sa sortie. Ce cathéter mis en place va être relié à une pompe ou un pousse-seringue, qui va permettre d’injecter du produit régulièrement. L'anesthésiste restera à votre écoute et pourra ajuster les doses si nécessaire.

Pour une césarienne programmée, le choix se fera sur la rachianesthésie. L'anesthésiste injecte alors un mélange plus puissant afin de bloquer les transmissions nerveuses de la douleur ainsi que celles de la motricité et des sensations.

En cas de césarienne pendant le travail, c’est-à-dire 10 à 15% des accouchements qui à priori devaient avoir lieu voie basse, l'anesthésiste injecte dans le cathéter un produit plus puissant afin d’avoir les mêmes effets que lors d’une rachianesthésie.

 

3. La péridurale pour qui, quand et comment ?

Sauf contre-indication médicale, toute femme en travail a le droit à une analgésie péridurale. En effet, l'anesthésiste peut refuser de poser une péridurale en cas de troubles de la coagulation, certaines infections et dans de rares cas des pathologies au niveau de la colonne vertébrale. D'où l’importance de faire une visite avec l'anesthésiste au cours du dernier mois de grossesse.

La pose de la péridurale se fait chez toute femme dont le début de travail a été confirmé par la sage-femme ou le gynécologue-obstétricien ou toute femme en phase de déclenchement médicamenteux du travail. Il n’existe pas de dilatation maximale, mais il est conseillé d’avoir un délai de minimum 30 minutes entre la pose de la péridurale et la naissance du bébé.

Avant la pose de la péridurale, la sage-femme met en place une perfusion ou voie veineuse. Il y aura une surveillance régulière de la tension artérielle maternelle, ainsi que du rythme cardiaque du bébé et l'enregistrement des contractions.

La péridurale se pose en position assise, le “dos rond” ou dans certains cas allongée sur le côté. Une désinfection de la peau au niveau du site d’injection sera faite avant l’anesthésie locale. Puis sera mis en place le cathéter grâce à une aiguille à péridurale.

 

4. Existe-t-il des risques et des effets secondaires ?

On parlera plutôt d’incidents ou complications et ils ont tous un remède :

  • Péridurale latéralisée : après avoir effectué plusieurs tests et réinjections, l'anesthésiste pourra mettre en place un nouveau cathéter si nécessaire.

  • Péridurale peu efficace : les doses pourront être augmentées. En effet, lors du travail les contractions augmentent en intensité et les doses administrées peuvent s'avérer insuffisantes. S'il existe une réelle efficacité, il pourra aussi mettre en place un nouveau cathéter.

  • Surdosage : en cas de ré injections répétées, vos jambes seront alors endormies au point de ne plus pouvoir les bouger. Avertissez la sage-femme et ne ré injectez plus jusqu'à retrouver la mobilité des jambes.

  • Diminution de la tension artérielle, augmentation de la température, tremblements ou démangeaisons. Avertissez votre sage-femme ou l'anesthésiste. Un traitement existe pour chacun de ces désagréments.

  • Après l’accouchement, une sensation douloureuse au point de ponction, peut apparaître et est sans conséquences. Elle peut durer de quelques jours à quelques semaines.

  • Maux de tête importants : prévenir la sage-femme et l'anesthésiste. Dans 1% des cas il peut s’agir d’une brèche au niveau d’une membrane appelée  la dure-mère. Une injection de quelques millilitres de sang au niveau du site de ponction de la péridurale permet alors de combler cette brèche. Pas d’effets indésirables à long terme.

Après plusieurs années d'études, il a été reconnu l’absence d’effet de la péridurale sur le travail obstétrical et le foetus.

 

5. Quelques fausses rumeurs.

Nous avons relevé sept idées reçues par rapport à la péridurale :

  • Si vous avez des  douleurs lombaires après l’accouchement : elles sont dues à la grossesse et à l’accouchement. Peut persister quelques temps, une gêne au niveau du point de ponction.

  • Si vous avez un tatouage dans le bas du dos : ce n’est pas une contre-indication. L'anesthésiste pose souvent le cathéter à côté ou s’il doit le poser sur le tatouage,  il y aura un point blanc au niveau du site de ponction

  • Si vous êtes épileptique, la péridurale diminue le stress, qui lui peut être le facteur déclenchant d’une crise.

  • Si vous êtes migraineuse, l’accouchement risque de déclencher une crise, mais elle ne sera pas liée à l'anesthésie.

  • Si vous êtes en surpoids, il est possible que l'anesthésiste rencontre des difficultés lors de la pose. Il est exceptionnel de ne pas réussir à poser un péridurale dans ce cas.

  • Si vous prenez un  traitement au long cours, vous devez en informer l'anesthésiste lors de la consultation. Seul les anticoagulants sont à surveiller. Il existe des protocoles autour de l’accouchement afin qu’ils ne mettent pas en jeu ce type d'anesthésie.

  • Si au départ vous ne désirez pas de péridurale, il est évident que vous avez le droit de changer d’avis. Parlez-en lors de la consultation et surtout à la sage-femme qui vous accompagnera lors de votre accouchement.

 

Article posté le 13/09/2018 à 00:00:00